• La vie brûle (Les Coudées franches)

    Presse

    Conseil de lecture : La Vie brûle, de JEAN-CLAUDE LER0Y

    Il s’est rendu en Égypte où il avait déjà séjourné des années auparavant, retrouver les ombres vivaces d’Albert Cossery, le fainéant lumineux, et de Georges Henein, le lucide ardent. Avec aussi l'intention d’écrire sur Pierre, son ami d’autrefois, « une fiction pour rattraper réel » car « c'est un de (ses) remèdes favoris » Mais voilà que le peuple se soulève contre la vieille dictature. Et le voilà, lui, qui se retrouve « passager clandestin » de cette insurrection, plongeant avec joie dans cette « électricité humaine, qui nous terrifie si souvent quand elle produit le pire ! et qui parfois nous fait rendre grâce ».

    En lui s'éveille la pensée des accointances de l’Histoire, celle des martyrs de la libre pensée, les grands brûlés : Giordano Bruno, Jean Calas, Jan Palach, qui se mêlent à son souvenir des bûchers funéraires de l'Inde et d’un ami de là-bas qui vient de mourir, laissant aussi une blessure incandescente. Vient alors s'y ajouter la nouvelle de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima, confirmant l'impression que, parfois. « l'humanité parait pressée de s’achever » de la plus sombre manière.

    C’est donc sans enthousiasme aveugle mais avec une vision claire de ce moment historique rare qu’il témoigne de son plaisir d’avoir « éprouvé la force de la foule à son acmé » : « j’ai perçu cette haleine de l’espèce fétide à laquelle j’appartiens, invalidant chaque fois tous les espoirs qu'elle suscite, mais sachant aussi créer la surprise et faire croire un temps à la bonté, noblesse véritable qui se révèle dans de beaux élans solidaires et déterminés ».

    Gérard Lambert-Ullmann